Tu seras un homme Papa, par Gaël Leiblang

Gaël Leiblang n’a connu son fils Roman que 13 jours. Il a voulu raconter la vie de ce petit garçon, l’histoire de cette rencontre fulgurante entre un père et son fils. Il a fait un seul-en-scène bouleversant, qui traite la question de la Résilience à travers la métaphore du sport.

Tu seras un homme papa, c’est une histoire de qui ? de quoi ?

Cette pièce qui s’appelle Tu seras un homme Papa, est un seul-en-scène, qui a été créé en 2016-2017, joué partout en France et partout dans le monde. Dans votre ville ça va être 155ème représentation. C’est un récit autobiographique qui s’adresse à tout le monde et qui traite de la Résilience et de savoir comment on rebondit quand on a un drame de vie. À l’époque j’ai perdu un petit garçon qui a vécu 13 jours et j’avais vraiment envie de raconter son histoire parce qu’il y avait un tel silence… parce que c’est quelque chose qui est très tabou dans la société. Je voulais avoir un espace pour raconter son histoire. Et c’est ça qui m’a amené au théâtre. C’est en écrivant cette histoire et en voulant la raconter à tout le monde que je suis monté sur scène.

Pourquoi avez-vous choisi de partager cette histoire au travers d’un spectacle ?

Parce que je trouvais que le théâtre concentrait plusieurs choses : à la fois l’écriture, qui est presque comme un livre ; l’image, c’est presque comme un documentaire et en même temps quelque chose de très vivant qui est en train de se passer devant les yeux des spectateurs. Comme je joue l’histoire de ce père qui a essayé de s’en sortir dans sa vie, ça fait comme une boucle. C’est-à-dire, le spectateur du spectacle voit en même temps l’avancée du personnage et sa reconstruction sur scène. Donc, le public est aussi un acteur passif. Il y a aussi le fait d’être dans l’obscurité, on peut être face à ses émotions, on a le droit de pleurer si on en a envie, on a le droit de sourire, si on en a envie. Donc, c’est aussi un espace de liberté, qui est intéressant.

Et pourquoi à travers la métaphore du sport ?

Je suis ancien journaliste sportif et le sport m’a toujours accompagné. Ce qui m’intéressait dans le sport, c’est plutôt la figure du champion. Le champion doit toujours se relever, toujours se battre, toujours avancer… Un peu comme Rocky. J’avais envie de traiter le sujet d’abord par rapport à l’univers que je connaissais. C’est comme, un boxeur qui tombe au 3ème round, soit il abandonne, soit il se relève. En général, il se relève pour essayer d’avancer. C’est une une figure très universelle que je voulais ramener dans le spectacle.

Qu’est-ce que le fait de raconter et d’externaliser cette histoire vous a apporté personnellement ?

Beaucoup de choses. D’abord, ça m’a permis de travailler personnellement et intérieurement sur cette histoire, de la digérer. Ensuite, de la partager, on joue dans des communes, comme votre ville. Mais on joue aussi pour des associations, des groupes d’infirmiers, des parents endeuillés. Nous avons été en Asie, en Nouvelle-Calédonie, et l’année dernière, à Boston. Nous préparons un voyage en Afrique l’année prochaine. Ce qui est intéressant, c’est finalement de partir de quelque chose de très dramatique dont personne ne voulait parler, en parler, et de faire rayonner un peu partout. Nous en avons tiré quelque chose de positif.

La question du deuil périnatal est encore méconnue et parfois même un peu tabou, qu’espérez-vous que votre spectacle puisse apporter à ce sujet ?

Je me dis juste que cela peut aider parfois des parents qui sont dans la même situation, qui parfois se referment sur eux. C’est difficile à affronter… Et le spectacle montre qu’on peut s’en sortir. Et qu’il faut essayer de trouver quelque chose du théâtre, de la culture, la sculpture, du sport, je ne sais pas quoi… du tricot… Quelque chose qui permet de rebondir.

Quel message espérez-vous transmettre à travers ce spectacle ?

Ce spectacle, il est au-delà de mon histoire, de notre histoire. On ne va pas traverser une vie entière sans connaitre des difficultés, des maladies, des séparations, des décès… et c’est toujours la question de savoir qu’est-ce qu’on en fait ? Qu’est ce qu’on fait de ces histoires-là ? Est-ce qu’on les met dans un coin ? Est-ce qu’on est autorisé à y repenser ? De quelle manière? Comment on vit avec tout ça ? C’est un peu tout ça que j’ai envie de partager avec les gens.


Tu seras un homme papa
📆Vendredi 15 novembre à 20h30
📍Espace des Coudrayes
👉Avec la participation de l’association Hespéranges
ℹ️Renseignements et réservation : reservation-culture@villejust.fr